LA TOUR DE L’HORLOGE DE TOURRETTES       CAMPANILES DE PROVENCE

novembre


Elle fut érigée en 1863, vraisemblablement sur la base de l’ancienne tour de pierre du 14 ème siècle qui faisait office de donjon de protection de la partie sommitale de la petite agglomération construite sur le saillant (il en reste quelques traces).
On peut penser que c’était la seule et unique tour de pierre flanquant l’ancienne maison seigneuriale des comtes de Villeneuve-Tourrettes, dominant ses modestes consœurs de bois dont le nombre fut sans doute à l’origine du nom donné au village (les Tourrettes). Chacune de celles-ci abritait un « signadour », guetteur chargé de surveiller la plaine depuis la ceinture du mur d’enceinte. La maison seigneuriale était pompeusement qualifiée de château, vocable qui désignera longtemps la place après la
destruction de l’édifice par les gens de Fayence, au 16ème siècle, à l’arrivée des troupes du duc d’Epernon.
Après la chute du 2ème empire, la tour remplit consciencieusement sa fonction civile de « campanile » communal, ou de tour civique rythmant les heures du temps, de jour comme de nuit.
En 1890, l’arrivée du « train des pignes » dans la plaine imposa pour le décompte du temps la règle d’une heure universelle à respecter et à afficher non seulement dans les gares mais aussi dans les communes. C’est ainsi qu’elle reçut sa double horloge ronde permettant à tout un chacun de connaître l’heure légale en temps réel.
Une légende locale disait qu’il existait un souterrain qui, partant de la base de l’ancienne tour seigneuriale débouchait au pied du village, proche de l’actuelle rue du Baou, à la sortie du vallon du Boudoura, permettant à la famille du seigneur, en cas d’attaque, de gagner en toute sécurité la plaine du Chautard.
En 2009, une tentative de retrouver ce passage, depuis l’intérieur de la tour, s’est soldée par un échec, devant les vestiges d’un vieux puits comblé, donnant probablement accès à une citerne.




Bagnols- en- Forêt

Nombre de villages de Provence possèdent un édifice, souvent distinct de l’église, surmonté d’une construction en fer forgé dans laquelle est suspendue une cloche : le campanile (du latin campana, cloche).

 On trouve également ce type d’ouvrage sur les tours et beffrois anciens, parfois très sobres, voire rustiques, parfois véritables objets d’art en fer forgé, élégantes pièces de ferronnerie dont la forme s’avère être une spécificité du Sud de la France. Le Var est le département qui en compte le plus.

 La fonction essentielle est d’abriter une cloche. Quant à celle d’embellir les parties sommitales des tours et clochers, elle s’avère d’importance secondaire. Fréquemment installé sur des clochers d’églises, il n’appartient pas à l’architecture religieuse mais résulte de l’évolution de l’horlogerie et de la volonté du pouvoir civique de gérer les heures rythmant toutes les phases de la vie sociale.

 Ce n’est que tardivement qu’il deviendra à la fois un membre architectural et un objet d’art. La plupart des campaniles du Var datent du 18ème siècle, et peut-être pour quelques-uns, mais c’est peu probable, pourrait-on remonter au 17ème, bien que leur datation soit très difficile pour des raisons d’ignorance des dates de commande ou des dates d’exécution de celle-ci. Parce que moins onéreux qu’une reconstruction, beaucoup de campaniles ont été substitués aux flèches des églises, souvent dégradées par les éléments et par manque d’entretien, et parce qu’il fallait aussi loger les cloches qui rythmaient le temps, cloches dont le son était différent de celles qui sonnaient les offices religieux. Il s’est dit souvent au pays du mistral (mais est-ce la vraie raison ?) que le choix de leur structure légère et ajourée, offrant peu de prise au vent, leur permettait de mieux résister. Il est plus probable que la raison véritable ait été de réaliser une construction moins onéreuse qu’une tour dédiée, à charge des communes par définition moins riches que l’Église. De ce fait, ils ont peu à peu fleuri sur les restes de constructions civiles, les tours de flanquement des remparts et les clochers sur plan carré à toiture plate. 

Il apparaît ainsi que la tradition d’utiliser le fer forgé est moins ancienne que celle de la tuile vernissée. Dans la plupart des cas, l’architecture en pyramide du toit d’un clocher était originellement destinée à recevoir une couverture de tuiles plates en écailles de poisson (vernissées ou non, cela ne constituant pas une généralité).

 Gérard Saccoccini