80 ans du débarquement en Provence : comment la plage de Dramont a sauvé les Américains

"Elle n'a  jamais été minée parce que le directeur de la carrière était en liaison avec la Résistance."

Jean-Marie Guillon, professeur honoraire d'Histoire contemporaine, lors de sa conférence du 7 septembre sur le Débarquement en Provence et la Résistance Varoise

Notre édito de Mai, "JOSEPH DE GOISLARD DE MONSABERT, AUX CÔTÉS DE JEAN DE LATTRE DE TASSIGNY DU DÉBARQUEMENT DE PROVENCE À LA CAPITULATION DE L'ALLEMAGNE LE 8 MAI 1945"

celui de Juin à l'occasion d'une rencontre à la médiathèque de Tourrettes avec Emmanuelle Favier le 12 juin pour "Le Livre de Rose"  : la figure de Rose Valland, résistante ayant joué un rôle clé dans la sauvegarde et la récupération de biens culturels spoliés sous l'Occupation, "ROSE VALLAND, CAPITAINE BEAUX-ARTS",

celui de Août au décours d'une journée commémorative avec des écoliers tourrettans avec Patrick Van de Woestyne au nom du "Souvenir français" à la Nécropole-Cimetière de Boulouris et sur le site du Dramont, "OPÉRATION DRAGOON : LE JOUR "J" OUBLIÉ",


une double exposition proposée dans la salle du Coulet par Madame Catherine Tallent et par l'Association des Anciens Combattants et Amis de la Résistance notamment sur les activités de résistance du canton de Fayence,


et une conférence du Professeur Jean-Marie Guillon  "LE DÉBARQUEMENT DE PROVENCE                            LA RÉSISTANCE VAROISE"  

ont été des témoignages de notre devoir de mémoire à l'occasion de ce 80ème anniversaire, notre pays retrouvant sa dignité, et les Français leur liberté.
Le cycle se termine par cette histoire qui démontre la collaboration d'un résistant avec l'état-major américain, ayant permis un débarquement rapide sans victimes.


Cette plage n'était pas le premier choix pour la 36e division d'infanterie américaine. Mais elle s'est révélée décisive lors de cette opération d'envergure.

Le 15 août 1944, à 8 heures, trois divisions américaines très aguerries mettent pied sur les côtes varoises : la 3e division d'infanterie sur les plages de Cavalaire et Croix Valmer. Puis la 45e division d'infanterie vers Sainte-Maxime. Mais dans le secteur de la baie de Saint-Raphaël, pour la 36e division d'infanterie, tout ne se passe pas comme prévu : les fortifications de la Wehrmacht n'ont pas toutes été anéanties par les déluges de bombes et d'obus de marine alliés.
Résultat, les tirs des défenses allemandes barrent la route aux troupes amphibies américaines. Alors, fait d'armes étonnant, c'est une plage qui n'en est pas vraiment une, celle de Dramont, avec sa fameuse île d'Or en point de mire, qui va servir de plan B pour débarquer.
Le major et historien des Armées, Michel Delannoy est l'un des spécialistes de l'opération Dragoon. Et pour évoquer les premières heures du débarquement, sa plage favorite est celle du Dramont, qui était aussi un lieu stratégique pour l'occupant allemand.

"Cette plage. Elle est particulière, sourit Michel Delannoy. C'est une plage artificielle issue de la carrière qui se situe derrière. Et cette carrière, elle a aidé à la construction de tous ces blockhaus pour défendre l'accès aux plages de Provence. Elle n'a donc jamais été minée parce que le directeur de la carrière était en liaison avec la Résistance."

Cette plage de la carrière du Dramont peut donc pallier l'imprévu de Saint-Raphaël en recevant, sans risque, le plus gros des contingents de la 36e division d'Infanterie. 

"Effectivement, ça a été un gros embouteillage sur le coup de 15 heures à 18 heures ici, et on estime à 30 000 hommes qui vont finir de débarquer sur cette plage, souligne Michel Delannoy. La grosse majorité arrivera le 15 août, quelques-uns les jours suivants. Et on estime à près 10 000 camions Jeeps, matériels de canon qui auraient débarqué uniquement sur cette plage du Dramont. Et il en sera de même sur toutes les plages."

Aujourd'hui, les anciens blocs de la carrière sont devenus de gros galets et le major a donné rendez-vous à une classe de seconde du lycée Jean Moulin de Draguignan. Ce petit groupe de lycéens vient étudier l'histoire directement sur le terrain. 

"Ce 15 août 1944, 30 000 Américains vont débarquer sur cette petite plage. Et il n’y aura qu’un seul mort. Pourquoi ? Parce qu'en face, il n’y avait qu’à peu près une quinzaine d'Allemands, pas plus, qui défendaient cette plage, détaille le spécialiste. Et le seul mort a été tué par un Panzerfost, ces fameuses roquettes allemandes, qui a été tiré sur le bastingage du bateau et qui atterrit dans la tête d'un lieutenant de vaisseau anglais, Lieutenant Evans.

"C'est aussi le moment d'insister sur l'une des clés du succès de l'opération Dragoon qui a grandement facilité le débarquement de la logistique américaine puis française pour foncer à travers la Provence ou vers Toulon et Marseille. 

"Sur une photo prise vers le 20 août, on voit ces bâtiments qui arrivent toujours sur la plage. Il n’y a même pas besoin de se mouiller les pieds pour débarquer sur le sol provençal, affirme Michel Delannoy. Il faut bien prendre conscience que c'est un débarquement qui a pu aller vite parce que la plupart des navires ont pu arriver jusqu'à la plage. Et ça, c'est très important, surtout pour le débarquement de matériel."
(France Info - Jérome Comin - 15/08/2024)