MAISONS FORESTIÈRES de l'ESTÉREL, pistes et sentiers, un capital unique et remarquable.

15 JANVIER 2023

 Ingénieur    des Eaux et Forêts, Auguste Muterse (1851-1922), en charge de l’exploitation du Massif de l’Estérel a mis en valeur ce patrimoine exceptionnel.   En effet, il a très vite compris les    intérêts économiques pouvant être retirés de l’exploitation en particulier du chêne liège dans ce Massif qui lui est confié. Il reprend une activité qui s’était développée dès le début du 19°    siècle. 

Garde Général il a dirigé la    construction d'un réseau de Maisons Forestières servant au logement des gardes et de leurs familles.  Pour relier l’ensemble, faciliter l’exploitation de l’espace    forestier c’est un maillage de pistes avec ses bornes indicatrices (siglées de l’Administration Forestière) qui est réalisé.  La récolte, l'entretien se faisant logiquement du haut vers le bas, le réseau s’organise suivant    trois étages de pistes qui suivent les courbes de niveaux, avec des accès le long des dorsales et un grand nombre de sentiers entretenus  : une trame qui en fait aujourd’hui la richesse du site. Tous les produits étaient regroupés,    transportés par des charrettes ou des prolonges à quatre roues pour les produits plus légers. Conscient des risques d’incendies, il a fait ériger une tour de surveillance sur un des    sommets du Mont Vinaigre (actuellement il ne reste que la plateforme, la tour actuelle a été construite en 1955/1956). Pour communiquer, cette vigie bénéficie d’une invention récente, le    télégraphe. Pour la petite histoire, en contrebas, s’organise un terrain pour jouer aux boules. 

C’était il y a donc plus de 150 ans lors    du grand développement de l’exploitation forestière : liège des chênes, bois des pins pour les mines complétées par les activités annexes, récolte de la résine, extraction de l’huile des cades,    souches de bruyères pour les pipes et la marqueterie, branchages pour les balais et le chauffage, fabrication du charbon de bois. Toutes ces activités nécessitaient une main d’œuvre importante,    et même l’emploi d’hommes « sans travail ». La nuit, ils veillaient à ce que les sangliers ne viennent pas déterrer les semis de glands ou de graines de pins. Avec déjà des accords pour    participer au développement du Tourisme avec le Touring Club de France, c’est toute une politique d’exploitation raisonnée, d’entretiens et de reboisements, de protections contre les incendies.    Cela nécessitait un encadrement de qualité qui devait vivre en permanence dans chaque « quartier ». 

C’est pour cette raison* qu’ont été    construites dix Maisons Forestières nécessairement autonomes du fait de l’isolement. Au principal, un bâtiment de deux étages où vivaient deux familles, celle du Forestier et celle du    Cantonnier. Sous le toit, des citernes pour récupérer l’eau de pluie (sources et puits étant souvent insuffisants). Chauffage par des cheminées et éclairage à la bougie ou avec les lampes à    carbure. Au dos, se trouvaient les écuries avec au-dessus les réserves de fourrage. Dans un bâtiment volontairement séparé, le four à pain surmonté de sa réserve à grains. D’autres annexes pour    le stockage et l’entretien du matériel, comme la forge pour les outils et le ferrage des équidés. Pour compléter une basse cour et une porcherie. Devant, sur la pente au soleil, sont aménagés des    murs en pierre sèche, les restanques pour la culture de légumes, de vignes et d’arbres fruitiers. 

*Un autre usage beaucoup moins connu de ces bâtiments et de ses occupants, est celui d’avoir été organisé en « Boîtes de Secours ». Le Touring Club de France, créé en janvier 1890, promoteur du tourisme à partir d’inventions récentes (le vélo puis l’automobile) est à l’origine de nombreuses actions. Leur développement  a pour conséquence la survenue de toutes sortes d’accidents. Le TCF va donc y répondre en réalisant sur le plan national un réseau de postes de secours dotés de personnes et de "boîtes" de matériel. Pour l'Estérel, quoi de plus évident que de choisir les Maisons Forestières.  

 Coup de cœur :  La Maison Forestière de la Duchesse

 « Une mémoire de L’Estérel »  


Occupée par un garde de l’administration    des Eaux et Forêts jusqu’en 1980, puis à titre personnel par François Ballestra et son épouse jusqu’en 1988, elle était restée encore en bon état, son éloignement l’ayant protégée des    vandales qui ont sévi à la Maison Forestière de la Malpey. Malheureusement faute d’entretien, la toiture commençait à souffrir et son environnement était redevenu broussailles et détritus. 

Depuis plusieurs années, en accord avec    l’ONF, un bénévole, s’est investi dans sa réhabilitation et les résultats sont non seulement heureux et mais aussi efficaces. René « l’Alsacien » a réparé à l’identique les    toits, nettoyé le    terrain, disposé des tables puis il a réhabilité l'annexe, la transformant en un petit musée. Grâce à de discrets panneaux solaires, un éclairage met en valeur le four à pain. 

Cette Maison Forestière avait    effectivement l’avantage de bénéficier d’un bon approvisionnement en eau, même pendant les périodes de sécheresse. Le puits, avec sa pompe à main d’époque, dessert un magnifique lavoir intact et alimente les canaux qui avaient été aménagés pour arroser des terrasses de petites    cultures. Vu son emplacement dans le Massif, elle servait aussi de poste de secours principal. C’est donc deux familles qui vivaient ici en compagnie d’un mulet, quatre chèvres et deux    cochons. 

Au cœur du Massif, accessible uniquement par des moyens naturels, sa visite se mérite. C’est un très bel endroit pour une pause et ou un pique-nique. Une belle manière pour conserver et faire revivre un superbe héritage.    (Déjà 4 livres d’Or remplis en 2022). 

Le nom de cette Maison Forestière est    lié à la pose de la première pierre à la demande de Napoléon III, par la Duchesse de Vallombrosa, figure de la vie de la haute société  cannoise dans les années 1860, appelée aussi la "    Sainte Duchesse " en raison de sa grande générosité. Née en 1836, Geneviève de Pérusse des    Cars, est issue d’une famille noble. Elle épouse Richard, duc de Vallombrosa, à Paris en 1857. Elle décède en 1887 et son mari quittera définitivement Cannes. 

Certains historiens pensent que l’Empereur    Napoléon III serait (??) venu sur son cheval pour l’inauguration. L’ingénieur Auguste Muterse aurait tiré parti de son origine Antiboise et d’autres avantages et de relations comme gendre du Maire de Juan les Pins pour préparer avec son amie,    la Duchesse, une réception dans ce bel endroit de qualité, plat et ombragé par des pins (le Plan Pinet). 

(extraits d'un texte de Christian Chabert https://www.esterel-pour-tous.fr)